Séminaire 13-15 de l’E3S « Nouveaux chantiers »
Glissement de terrain : le foot et le « corps du peuple » selon Pasolini (1950-1975)
William Gasparini
Pour un chercheur en sciences sociales, que signifie « changer de terrain », selon quelle logique ? Ainsi, pourquoi changer de focale et travailler sur Pier Paolo Pasolini, grand écrivain, poète, journaliste, dramaturge, acteur, scénariste et réalisateur italien né en 1922 et assassiné en 1975 ?
Au-delà d’une polarité italienne personnelle, ce changement apparent de terrain présente une continuité dans l’approche sociologique tant des rapports de classe et des trajectoires sociales que du football comme pratique populaire. Premier intellectuel européen à écrire sur les compétitions de football et à pratiquer ce sport, Pasolini est également un anthropologue du corps qui étudie au plus près le « peuple des tribunes » et le corps des footballeurs des banlieues. Etudier son parcours biographique permet ainsi d’écrire une micro-histoire (au sens de Ginzburg, 1980) dans l’histoire plus générale de l’Italie républicaine de l’après-guerre jusqu’aux années 1970, mais également de saisir les transformations de la classe ouvrière, de la place du football dans la société italienne, du rapport des intellectuels aux football, du sport et du corps dans les banlieues romaines … Marquée tant par une problématique existentielle et sexuelle que par le contexte sociopolitique italien des années 1950-1970, la socialisation progressive (de la prime enfance à l’âge adulte) de Pasolini crée les conditions de son intérêt pour le corps des footballeurs et des tifosi. Dès lors, sa trajectoire de Pasolini constitue un véritable fait social total. Croisant une socio-ethno-histoire du football et une sociologie de la littérature, la communication propose les premiers résultats d’une enquête sur un nouveau terrain, encore inexploré en sociologie : l’œuvre et la biographie sociologique de Pier Paolo Pasolini.
Rendez-vous à 13h salle de la "Table Ronde" à la MISHA
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