La participation des citoyens dans les candidatures européennes aux JOP 2024
Resp. : Pr. Michel Koebel
Post-doc (18 mois) : Hugo Bourbillères
Démarrage 1er septembre 2018
Resp. : Pr. Michel Koebel
Post-doc (18 mois) : Hugo Bourbillères
Démarrage 1er septembre 2018
La journée d’étude qui clôturait ce programme de recherche avait pour titre « PARTICIPATION ET CONTESTATION DANS LES CANDIDATURES AUX JEUX OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES ». La journée entière a été enregistrée sur CanalC2 (avec traduction simultanée français/anglais) et toutes les vidéoconférences sont accessibles ici : https://www.canalc2.tv/video/1570
Pour un pays et pour une métropole, être candidat à l’accueil des Jeux Olympiques et Paralympiques (J.O.P.) est un enjeu de taille (Hiller, 2000 ; Carey et al., 2011 ; Devine, 2013). Pendant longtemps, cela constituait une décision et un engagement diplomatiques, et restait confiné dans le secret de milieux politiques et économiques (Tomlinson, 2017). Mais l’actualité récente a fait entrer en jeu de nouveaux acteurs dans le processus (Girginov, 2012 ; Parent, 2016), et notamment la figure du citoyen. En effet, des référendums décisionnels organisés dans les villes candidates à l’accueil des Jeux ont conduit à l’abandon d’une candidature (ce fut notamment le cas à deux reprises en Allemagne, dans quatre villes différentes). Certes des opposants à l’organisation des Jeux dans un pays ont existé depuis bien plus longtemps, mais il s’agissait là d’une volonté délibérée de donner la parole au peuple et, en quelque sorte, lui donner le dernier mot.
D’autres candidats se refusent à cet exercice de démocratie directe, mais, comme en France, inventent des formes de démocratie participative. Tous les candidats déploient en revanche des efforts considérables pour conquérir l’adhésion de leurs concitoyens (par une forte médiatisation, et notamment l’intervention de grands champions sportifs, par diverses promesses et garanties de retombées économiques), et tout récemment, le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis et la Ville de Paris ont la volonté d’impliquer les habitants dans l’accueil de l’événement.
Ce sont ces changements récents dans les rapports entretenus entre les candidats aux J.O.P. et les citoyens qui sont l’objet de la présente recherche. L’Europe, après avoir constitué le berceau des Jeux, représente un terreau d’innovation en matière de candidature, notamment dans la mise en place de dispositifs de démocratie directe ou participative, où la volonté de faire du citoyen un acteur du processus. C’est la place des citoyens que cette recherche va questionner (qu’ils se mobilisent pour ou contre l’organisation des J.O.P. dans leur ville, leur pays ; qu’il s’agisse de sportifs, de militants politiques ou d’intellectuels). Seront aussi traités les effets réels d’une candidature sur les divers publics avec qui ont été engagées des négociations et des concertations : de nouvelles perspectives ont-elles été envisagées et de nouveaux projets et partenariats ont-ils vu le jour, qu’en définitive la candidature ait été retenue ou non ?
L’étude concernera les quatre candidatures de pays européens aux J.O.P. de 2024 : Paris (France), qui fut déclaré vainqueur, sans référendum, mais aussi finalement sans plus aucun rival ; Rome (Italie), qui a retiré sa candidature suite au changement de maire et de politique municipale ; Hambourg (Allemagne), qui a organisé un référendum et a vu le « non » l’emporter de peu ; et Budapest (Hongrie) qui a retiré sa candidature sur des arguments économiques, mais suite à une pétition d’origine étudiante (mouvement Momentum) contre cette candidature.
Un premier axe étudiera le processus de conquête des publics envisagé par les porteurs de la candidature, notamment à travers le recours (ou non) aux outils de démocratie participative et/ou directe (top down), ainsi que les effets des initiatives citoyennes sur le devenir de la candidature (bottom up) (Blondiaux, 2005). Un second axe analysera l’effet d’entraînement d’une candidature olympique en termes de dynamiques locales (nouveaux partenariats et projets). La place des femmes dans ces processus fera l’objet d’une attention particulière, dans un monde sportif depuis longtemps dominé par les hommes.
Une candidature peut susciter l’engouement de la population comme elle peut faire émerger des critiques. Dans tous les cas, les porteurs du projet d’accueil des J.O.P. doivent montrer d’une manière ou d’une autre que leur pays, leur ville, sont particulièrement enthousiastes et favorables à cet accueil. Il s’agira ici d’étudier les stratégies mises en place destinées d’une part à conquérir l’adhésion publique et à rendre plus visibles, sur le plan médiatique, cet engouement et cet enthousiasme, et d’autre part à minimiser les critiques négatives. Il s’agira aussi d’étudier les nouvelles formes de participation des citoyens (et en particulier des femmes) qui se développent à l’occasion de ces candidatures et d’analyser leurs fonctions.
Seront analysées dans les quatre sites européens retenus :
La candidature parisienne victorieuse comporte en son sein la volonté de construire à long terme, à travers l’accueil successif de grands événements sportifs à renommée internationale, une image de capitale mondiale ouverte et dynamique, support d’un projet de société. Cette présentation enchantée d’une candidature masque une réalité contrastée (explorée dans l’axe 1) mais a des effets d’entraînement en termes de développement local (exemple : quartier Pleyel à Saint-Denis) qui paradoxalement sont peu valorisés dans le dossier de candidature. Pourtant il semble que les J.O.P. deviennent un projet sociétal, catalyseur de l’action publique. Quels sont les jeux d’acteurs, les nouveaux partenariats et les nouveaux projets ? La candidature est-elle un premier temps de mise en valeur de ces effets immatériels ? Ces effets peuvent-ils être évalués et vérifiés dans les villes candidates mais qui ont renoncé ? Que reste-t-il de leur candidature au niveau local ? Les citoyens sont également impliqués en tant qu’acteurs collectifs à travers des organisations intermédiaires (collectifs d’habitants, associations de quartiers, centres sociaux, clubs sportifs et autres instances du mouvement sportif). Il sera question d’appréhender ce que génère une candidature du côté de ces acteurs intermédiaires, qui représentent chacun à leur manière les citoyens.
Il s’agira d’abord d’identifier ces acteurs intermédiaires et les nouvelles relations qu’ils ont nouées entre eux et avec les porteurs de la candidature dans chacun des pays, puis, dans un second temps, d’analyser l’émergence de projets nouveaux - par le contenu ou par les modalités - comme conséquence de ces relations. Par exemple, une démarche par appel à projet aura tendance à favoriser les structures les plus professionnalisées et médiatisées (Charrier et al., 2016). Toute la question sera de savoir si une candidature non couronnée de succès peut avoir malgré tout un effet d’entraînement sur des dynamiques locales.
Analyse comparée de cas contrastés : un retrait politique (Rome) / un référendum (Hambourg) / une candidature victorieuse et un référendum même pas envisagé (Paris) / une pétition étudiante à Budapest (comme prétexte d’un retrait ?)
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