Avec la participation de :
- Alfred Wahl, professeur émérite, université de Metz, auteur de : Histoire de la Coupe du monde de football : une mondialisation réussie, Peter Lang, 2013
- Sylvain Schirmann, professeur émérite d'histoire contemporaine, Sciences Po Strasbourg
- William Gasparini, professeur, chaire Jean Monnet, unité de recherche « Sport et sciences sociales »,université de Strasbourg, co-auteur de : Le football des nations. Des terrains de jeu aux communautés imaginées (avec F. Archambault et S. Beaud), Editions de la Sorbonne
Le choix de la FIFA d’attribuer la Coupe du Monde de football au Qatar suscite critiques et controverses à un niveau jamais connu jusqu’à présent. Néanmoins, cette compétition continue de focaliser le regard passionné de plus de 3,5 milliards de personnes, soit plus de la moitié de la population mondiale.
Cette manifestation sportive relève d’une réalité double et antagonique : d’une part l'affrontement pacifique et festif des nations qualifiées en un méga-spectacle ; d’autre part, la dure réalité des conditions de travail des migrants engagés dans les chantiers de construction des stades, le manquement aux droits humains et le coût carbone du spectacle. Plus qu’un méga-spectacle porté par le « foot-business » et les médias, le football a, depuis les années 1980, investi toutes les sphères de la société, y compris les cercles intellectuels et académiques. Les Coupes du monde constituent un baromètre du prestige des nations et ont pour mission de conforter une fierté nationale souvent mise à mal, voire jugée suspecte en d'autres circonstances. Lors du mondial, l'expression de la nation et ses couleurs sont portées par onze joueurs dont on connaît les noms, les visages, les trajectoires personnelles. Ils deviennent alors les paladins des temps
modernes. Dans notre société du spectacle, cet effet de réel et de proximité touche les personnes parmi les moins politisées et les moins insérées dans le débat public et favorise un phénomène d'identification.
L'orchestration des flux d’images alimente des systèmes de représentation qui se transmettent au fil des ans et des générations. Dans cette épopée moderne, ce ne sont pas tant les résultats stricts que l'on retient mais bien les gestes des héros ou des traitres, transfigurés en autant de figures mythologiques : le choc frontal Battiston-Schumacher lors de la Coupe du monde de Séville 1982 et ses effets sur les relations franco-allemandes, la « Main de Dieu » de Maradona en 1986, le « coup de boule » de Zidane en finale face à l’Italie en 2006, la grève de l’Equipe de France et le fiasco de Knysna en 2010… La Coupe du monde de football devient ainsi un miroir de la société et de la mondialisation où les compétitions constituent une histoire de notre temps, s'écrivant sur un rythme quadriennal.
Cette première séquence du séminaire « Sport et société » propose d’interroger le contexte géopolitique des Coupes du monde et d’éclairer scientifiquement ce fait sportif à partir de l’analyse de chercheurs en sciences sociales.