Lors de cette journée, trois doctorantes présenteront leurs travaux de thèse :
- Fiona SCHULIAR traitera de l'« Impact d’un dispositif de karaté adapté sur la reconnexion corporelle chez les femmes ayant vécu des violence »
"Parmi les usages des arts martiaux pour répondre à la problématique de la prise en charge des femmes ayant vécu des violences, l’association Fight For Dignity (FFD) propose, à travers les spécificités du karaté, une pratique adaptée au psychotraumatisme. Le vécu de violence peut entrainer sur le plan psychocorporel, des troubles psychopathologiques comme l’anxiété ou le trouble de stress post-traumatique (TSPT), et sur le plan physique des troubles fonctionnels pouvant aller jusqu’à des syndromes chroniques. Les contenus pédagogiques du dispositif karaté s’inscrivent ainsi dans une prise en charge pluridisciplinaire de ces femmes, où l’interaction entre atteintes psychologiques et somatiques est considérée, dans une perspective de réappropriation du corps.
Après avoir mené une première étude sur l’expérience du karaté adapté auprès de vingt participantes sur une durée de cinq mois, les données montrent que cette pratique, associée à une prise en charge pluridisciplinaire, réduit l’anxiété, procure un apaisement et un « meilleur-être », mais sous certaines conditions (type et durée des violences, accès aux droits et besoins fondamentaux). En revanche, peu de résultats significatifs sur la question du corps ont été obtenus. Pourtant, des observations exploratoires durant les séances ont révélé des éléments sur la connexion au corps, et sur différentes manifestations somatiques. Pourquoi les femmes rencontrent-elles des difficultés au niveau corporel ? Par quoi s’expliquent ses difficultés ? Dans quelle mesure le karat é peut permettre aux femmes de se (re)connecter à leur corps ? Par quels mécanismes ?
Ces questionnements constituent un nouveau protocole de recherche visant à comprendre dans quelle mesure le karaté adapté peut modifier des processus corporels. Les premiers résultats présentés, ont � �té recueillis par le biais d’observation, de questionnaires et d’entretiens semi-directifs auprès de femmes, faisant parties de quatre différents groupes de karaté implantés dans 4 différents sites du collectif Re#Start en France."
- Ornella GOLDSTEIN présentera « Les filles et l’acti vité physique : une étude de portée des barrières et leviers à l’engagement dans l’activité physique »
"L’inactivité physique et la hausse de la sédentarité sont associées à des problèmes sociaux et sanitaires importants. Malgré cette prise de conscience, 81 % des adolescents de 11 à 17 ans n’étaient pas suffisamment actifs en 2016 selon les critères de l’OMS. Les filles sont systématiquement moins actives que les garçons avec des écarts de niveau d’activité physique qui se creusent lors de l’adolescence.
L’objectif de cette étude de portée est d’explorer les barrières et les leviers à l’activité physique chez les adolescentes âgées de 11 à 18 ans et d’examiner comment la littérature existante aborde ces facteurs dans un cadre écologique. Cette analyse vise à évaluer l’état actuel de la littérature tout en identifiant les lacunes potentielles dans ce domaine.
Au total, 39 articles ont été inclus puis analysés au prisme du modèle écologique. La plupart des études ont été menées dans un contexte extrascolaire (62 %) et mentionnaient des barrières à l’engagement des filles dans l’activité physique (64 %). Les barrières les plus récurrentes dans la littérature sont la relation des filles avec leur corps et l’influence négative des pairs et des enseignants. À l’inverse, les interactions sociales, le soutien de la famille ou de l’enseignant et le choix de l’activité sont des leviers pour engager les filles, récurrents dans la littérature.
Ces résultats soulignent l’importance d’une approche globale tenant compte des facteurs personnels, interpersonnels et environnementaux pour résoudre le problème de l’engagement des filles dans l’activité physique."
- Gillian CANTE abordera « L’enjeu du jeu libre en nature dans l’émergence d’une nouvelle structuration des politiques publiques petite enfance ».
"Les études récentes corrélant les expériences de l’enfant avec, dans, par, et à la nature font se former un consensus : « la nature fait du bien ». Cette dernière aurait des qualités, des affordances d’agir d’une manière positive sur l’éducation (Chawla, 2007) et la santé du jeune enfant (Kuo et al., 2019). C’est à travers l’élaboration d’un référentiel-sectoriel (Muller, 2018) de la petite enfance que nous menons notre étude comparatiste entre la France et le Québec. Notre recherche explore les contours de l’objet socio-politique « enfant -nature » et met en évidence les tensions émergentes à travers les représentations formulées par rapport aux trois composants de notre objet de recherche : l’enfant – le corps de l’enfant, libre vers us contraint aux normes, la nature – une question d’égalité quant à la qualité et l’accessibilité, et finalement, les liens entre les deux – le trait d’union qui interroge les risques que cela implique pour l’enfant, les professionnels, et la légitimité des politiques publiques."
Leurs communications seront discutées respectivement par Marie Agostinucci, Lisa Lefèvre, et Christophe Schnitzler.
Nous aurons également le plaisir de recevoir Alice SERVY, Maitresse de conférences en anthropologie sociale et culturelle, au laboratoire SAGE, qui a accepté de venir nous parler de son travail de terrain ethnographique et présentera « Ethnographier les brutalités physiques dans une école du Vanuatu » :
"Dans l’archipel océanien du Vanuatu, les brutalités physiques à l’encontre des enfants sont répandues, y compris dans les établissements scolaires. Dans le cadre de l’enquête sur la protection de l’enfance 2008, 27 % des élèves âgés de 16 à 17 ans interrogés ont par exemple déclaré avoir été « physiquement blessés » par un enseignant pendant le mois précédant l’enquête. En 2018, j’ai réalisé deux mois de recherches ethnographiques dans une école d’un quartier défavorisé de la capitale du Vanuatu. L’objectif était de comprendre, d’une part, comment se construisent, se reproduisent et se modifient les représentations des brutalités physiques à l’encontre des enfants à l’école, et de saisir d’autre part, comment se perpétuent et se transforment ces pratiques brutales et leur acceptabilité. Mes recherches établissent que les interactions entre différents acteurs (principalement le personnel de l’école, les élèves et leurs familles) et les interférences entre plusieurs cadres normatifs (scolaire, familial et législatif) jouent un rôle essentiel dans ces processus. Dans le cadre des Journées doctorales du laboratoire E3S/Sport et Sciences Sociales, je souhaiterais notamment revenir sur mon travail de terrain."
Cette journée se terminera par un temps d'échange convivial afin de favoriser les discussions entre doctorant.es, jeunes chercheur.euses et chercheur.euses confirmé.es.
Pour les personnes n'ayant pas la possibilité de ce déplacer pour cette journée d'étude, mais souhaitant participer aux échanges, voici le lien de participation en distanciel : https://bbb.unistra.fr/b/wul-we2-org-kq0