Première séance du séminaire Cancers, corps et sciences sociales : l’activité physique comme révélateur de dynamiques plurielles.
Organisée par la MSH Lyon St-Etienne (axe Santé & société) et la MISHA (Strasbourg) en lien avec la thématique Sports & sociétés du Réseau MSH. En collaboration avec les laboratoires L-VIS, E3S et l'Institut ReCAPPS.
Evénement ouvert à tous.
Intervenant.e.s :
- Patrick Castel, sociologue (Sciences Po, Centre de Sociologie des Organisations, CNRS)
- Audrey Vézian, sociologue, Anne Moyal, post-doctorante en sociologie (CNRS, Laboratoire Triangle, ENS Lyon)
Programme
Vers des médecins organisateurs ? Professions et pouvoir à l'interface de la pratique et de la recherche cliniques.
Patrick Castel, sociologue (Sciences Po, Centre de Sociologie des Organisations, CNRS)
Cette communication s'intéressera à la figure du médecin organisateur en cancérologie. Des cliniciens cherchent à faire évoluer les pratiques et l'organisation du travail des médecins en cancérologie, en concevant, pilotant ou mettant en œuvre ce que j'appelle des initiatives organisationnelles. Ces dernières constituent des modalités d'intégration entre, à un extrême, l’organisation informelle professionnelle (traditionnelle) et, à l'autre extrême, des modalités plus formellement définies et potentiellement plus conflictuelles. Elles peuvent être analysées comme des tentatives – politiques – prudentes de réguler des activités de plus en plus complexes au sein de la biomédecine, du fait du nombre de métiers et de compétences différents potentiellement nécessaires. Ces initiatives s’inscrivent dans des mouvements lourds qui travaillent les systèmes de santé en général et la cancérologie en particulier, comme celui de l’injonction à la coordination comme principe d’action publique. Toutefois, par rapport à de nombreuses thèses existantes, l’étude de ces initiatives montre que ces changements ne résultent pas de la seule progression des logiques gestionnaires ; la recherche médicale apparaît ainsi comme un autre facteur puissant d’organisation.
La routinisation de l'innovation biomédicale, source d'inégalités d'accès aux soins ?
Audrey Vézian, sociologue, Anne Moyal, post-doctorante en sociologie (CNRS, Laboratoire Triangle, ENS Lyon)
A partir de l'analyse de l'introduction des tests de séquençage de nouvelle génération (tests NGS) dans le diagnostic des cancers du poumon, cette communication se propose d'éclairer les dynamiques organisationnelles sous-tendant la politique volontariste des pouvoirs publics visant à garantir une égalité d'accès aux thérapies ciblées basées sur des tests moléculaires. Notre étude met en lumière que l'action publique précoce dans le domaine, caractérisée par le souhait d'établir une égalité d'accessibilité territoriale aux tests moléculaires, a contribué paradoxalement à renforcer l'hétérogénéité existante de l'organisation et de l'offre en termes de plateaux techniques innovants susceptibles d'entraver son objectif. Au-delà des seules dimensions budgétaires, cette dynamique prend racine dans un environnement biomédical français caractérisé non seulement par une forte segmentation des pratiques de soins et de recherche mais également par une structuration de plus en plus différenciée de l'offre de soins contribuant à remettre en cause l'efficience de la coordination des actions des différents professionnels et la fluidité de la trajectoire des patients telle qu'elle est promue.
Evénement organisé par Claire Perrin (L-VIS, MSH Lyon St-Etienne), Sandrine Knobé (E3S, MISHA), Charlotte Bruneau (L-VIS) et Mélanie Wullens (E3S).
Informations pratiques
Inscription gratuite mais obligatoire >> formulaire en ligne
Contact : wullens@unistra.fr