Axe 2 : STUPS Savoirs, territoires et usages politiques des sports

L’axe 2 repose sur une pluridisciplinarité en sciences sociales (notamment sociologie, science politique, géographie/urbanisme/aménagement et histoire), autour d’un positionnement scientifique et méthodologique commun : l’entrée par les acteurs (usagers, pratiquants, entrepreneurs, dirigeants, intervenants, concepteurs, …), l’articulation entre échelles socio-spatiales, temporalités et niveaux d’organisation socio-politiques et comparatisme réflexif (Boschetti, 2010 ; Gasparini, Koebel, 2015). Dans la lignée de Bloch et de Durkheim, l’axe 2 considère ainsi la comparaison comme un mode de raisonnement et comme un outil méthodologique de confrontation de temporalités et spatialités disparates. Mais comparer, c’est également prendre au sérieux l’effet de prisme déformant qu’exercent, tant sur la production que sur la réception, les champs intellectuels nationaux, les traditions académiques des différentes sciences sociales et les catégories de perception et de pensée impensées sur le sport et les activités physiques qu’ils font circuler.

Cet axe a d’abord vocation à accueillir tous les projets ayant une dimension socio-spatiale et politique, susceptibles d’enrichir la compréhension des activités physiques, sportives, touristiques et la mobilité active ancrées dans des territoires (urbanisés, urbains, périurbains, ruraux, de pleine nature…) dans toutes leurs dimensions, leurs dynamiques et leurs interactions. L’axe interroge d’une part la construction et les usages sociaux, symboliques et politiques des territoires et projets sportifs aux différentes échelles spatiales et sociales au cours du XXème et du XIXème siècles. La spatialisation du social dans l’étude des organisations et des pratiques physiques et sportives et la place consacrée à la dimension territoriale des mondes sportifs seront plus particulièrement abordées. Les espaces sportifs sont à considérer ici comme des carrefours où interagissent et se confrontent – coopèrent et s’affrontent symboliquement – des acteurs dont les stratégies et les ressources proviennent pour l’essentiel d’autres champs structurés en fonction d’histoires (locales, régionales, nationales) et d’intérêts spécifiques. Territoires, institutions et politiques sportives sont donc à considérer dans leur réalité objective, mais également à travers les représentations auxquelles ils donnent lieu.

D’autre part, l’axe s’intéresse aux processus de circulation des savoirs, transferts culturels, catégories et modèles sportifs entre espaces et champs sociaux, institutions, pays au sein de l’espace européen mais également international, aux controverses, aux conditions sociales de ces circulations et à leur réappropriation par des sportifs et citoyens « ordinaires », des entrepreneurs de cause et passeurs culturels (par exemple, dans le cadre des différents projets ERASMUS+ Eupeo, QualiTePE, phys lit for life). L’axe envisagera la circulation des idées et des savoirs sportifs experts comme leur passage (traduction/réappropriation/instrumentalisation) entre différents espaces, qui peuvent être nationaux (entre l’Allemagne et la France par exemple) ou sociaux (entre l’espace politique et l’espace savant et entre l’espace académique et l’espace social ordinaire). Les chercheurs partent de l’hypothèse qu’un modèle ou un savoir sportif ne circule pas du fait de sa qualité propre, mais de sa qualité « relationnelle » liée à un contexte social et de pouvoir. L’axe propose également une réflexion sur les rapports entre le langage sportif expert ou ordinaire et la production des identités, du genre et des rapports sociaux. En effet, appliqué au sport, le langage n’est pas un simple reflet du réel : il participe également à le construire et à le représenter.

En cohérence avec ces positionnements, les travaux de l’axe 2 privilégient une science sociale contextualisée et comparative à partir de la logique de la preuve.

 

Plusieurs thématiques structurent et alimentent les travaux de l’axe :

- circulation et transferts des savoirs et des modèles sportifs entre espaces sociaux et entre pays, passeurs et entrepreneurs sportifs + l'usage politique des savoirs universitaires sur le sport (observatoires et études commanditées)

- l’européanisation du sport/ des citoyens par le sport

- relations internationales et diplomatie par le sport

- la territorialisation des politiques sportives et l'évolution de leurs modes de gouvernance

- les usages sportifs de la ville et de la nature, accessibilité socio-spatiale et mobilités actives

- la participation des citoyens à l'élaboration des politiques sportives locales et aux grands événements sportifs internationaux

- sport et loisirs dans les espaces transfrontaliers : actions publiques, usages et usagers, représentations, confrontations

- Sport et développement durable : discours, aménagement et rapport des usagers sportifs

- migrations et dispositifs sportifs d’accueil/d’intégration des migrants nouvellement arrivés : comparaison entre espaces locaux + France-Allemagne-Italie

- le sport entre communauté et société : la production sportive des identités